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Sur La Route
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Épisode #14 -

Caroline Montiel,

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Bonjour tout le monde !

Est-ce que tout fonctionne ?

Oui. Bonjour, on est en live.

Bonjour tout le monde !

On est mardi. Il est neuf heures.

On est en direct de ma voiture

et en live sur Facebook.

Je m’appelle Nicolas Quilliet.

Aujourd’hui, on tourne le numéro 14

de « Sur la route ».

Mon invité ce matin,

c’est Caroline Montiel.

Caroline Montiel est l’ex-CEO

de L’île de France.

Un magasin dont je dis, je dis ex

CEO, puisque son aventure entrepreneuriale

a pris fin.

Elle va nous expliquer,

on va discuter avec elle de cette aventure.

On va notamment parler avec elle

de la manière dont elle a trouvé

son idée.

Et puis, elle va nous expliquer sa démarche,

notamment sur le made in France.

On va discuter, elle va nous parler

du fait qu’elle est une femme aussi.

Puisque la création d’entreprises,

les femmes-chefs d’entreprises en France,

il n’y en a pas énormément.

Donc, elle va nous expliquer

les points négatifs et les points positifs

qu’elle a pu rencontrer

lors de la création de son entreprise.

Et puis, enfin, elle va nous dire

l’après-entrepreneuriat,

l’après-création.

Neuf mois après,

comment elle se sent.

Ce qu’elle a vécu avec la création

et l’arrêt de sa société.

Et puis toutes les étapes par lesquelles elle a pu passer.

Voilà !

On accueille tout de suite Caroline Montiel.

Eh voilà !

Bonjour Caroline !

Salut, Nico !

Comment vas-tu ?

Ça va et toi ?

Ça va !

Il fait froid.

- Oui, bienvenue dans le nord. - Début novembre.

Bienvenue dans le nord. On est à Lille.

Ça, c’est... il n’y a pas de secret.

Beau ciel bleu quand même.

Beau ciel bleu.

Présente-toi Caroline

pour celles et ceux qui ne te connaissent pas.

Alors, donc je m’appelle Caroline Montiel.

Bonjour !

Merci d’avoir accepté mon invitation.

Merci à toi de m’avoir invité.

J’ai 42 ans.

Je suis maman de deux grands enfants

de quinze et dix-huit ans.

Et je suis une ex-entrepreneur

en France.

Est-ce qu’on est vraiment ex-entrepreneur ?

C’est à dire, est-ce qu’on a complètement tourné la page ?

Même après avoir arrêté son activité.

Non, parce qu’on reste.

Si on le devient, c’est quelque part, on l’est dans l’âme.

Donc, si on l’est à un moment donné,

si on ne l’est plus,

on reste.

Il y a quand même une part de soi qui reste

leader, qui reste.

Avec l’envie d’entreprendre.

Après, c’est trouver un refuge

où on a quand même certaines

tâches à effectuer

qui nous laisse quand même une grosse part d’autonomie.

Oui !

Cette partie autonomie qui est vachement importante.

Oui !

Tu as créé donc une boutique, un magasin.

Comment on dit cela ?

- Un concept store ! - Un concept store !

- Oui, un concept store. - Un concept store.

Dans le vieux-lille rue de la Monnaie.

Rue de la Monnaie.

Qui s’appelait donc

- L’île de France. - L’île de France.

Voilà !

Et tu étais à cent pour cent

dans le made in France.

Voilà !

L’objectif c’était de revendre

non pas des assemblages en France

ou des petites touches made in France.

C’était vraiment de revendre des choses

qui était, est pensé et fabriqué en France.

Pensé et fabriqué en France.

- Du cent pour cent made in France. - Du cent pour cent made in France, oui.

C’est cela !

Ce n’est pas simple.

Pas du tout !

Pas du tout ?

- Pas du tout ! - Ce n’est pas simple.

Ce n’est pas simple

parce que déjà, il faut trouver les bons.

Oui !

Voilà !

Cela m’est arrivé de renvoyer

toute une livraison

parce qu’on avait vendu le produit

tel quel.

- Et ce n’était pas terrible ? - Quand tu regardes ce qui

est écrit tout petit sur l’étiquette,

tu dis : « ah ! Mince ! »

Bangladesh einwohner, ce n’est pas en France.

A... ou UE, ce n’est pas trop loin quand même.

Mais bon, donc voilà !

Puisque l’objectif c’était vraiment de valoriser les emplois

lié à la fabrication française.

Certes, quand on pense qu’il y a des bureaux d’études,

il y a des emplois derrière.

Mais je voulais vraiment solliciter un maximum

d’emploi lié à la fabrication d’un produit.

Parce que derrière cette idée du made in France

que tu supportes encore aujourd’hui,

que tu as supporté lors de la création de l’île de France.

C’est cela ! Voilà ! Tu disais : valoriser l’emploi.

C’est valoriser le local

et faire sorte en gros,

pour qu’on vive dans un pays où tout le monde est

content, heureux.

Oui, le monde des bisous-nours.

Il y a un petit côté utopiste

- dans ta démarche. - Carrément !

En fait, quand j’ai lancé l’idée,

j’ai eu beaucoup de personnes autour de moi

- qui m’ont justement sorti ce terme assez utopique - C’est vrai ?

- Oui ! - Caro, tu ne te rends pas compte.

Et c’est vrai, sauf que

je leur répondais : il y a vingt ans,

le bio, c’était utopique aussi.

Tout à fait !

Manger bio,

on avait le sentiment d’être complètement à l’ouest.

Et au final, le bio s’est complètement démocratisé.

Les boutiques ont poussé un peu partout.

Maintenant, même la grande distribution s’est mise au bio

avec non plus des petits corners,

mais des rayons entiers.

Oui !

Donc je me suis dit, on va faire la même chose

avec la fabrication française,

sachant qu’il y a tout un savoir-faire qui existe encore

avec des ateliers qui souffrent.

- Oui ! - Et des ateliers qui méritent d’être soutenus.

Et à cette époque-là,

je n’avais pas d’emploi.

Je me suis dit : je vais créer mon emploi,

en soutenant celui des autres.

Alors, comment tu as trouvé cette idée ?

Parce des idées de création d’entreprises,

on en voit au fur et à mesure des épisodes

de « Sur la route ».

Il y en a autant que d’entrepreneurs en fait.

Comment, à un moment, tu t’es dit :

« le made in France, c’est pour moi » ?

Un déclic suite à un reportage

que j’ai vu sur canal.

Oui !

Avec Benjamin Carle qui est un journaliste,

un documentaliste

qui s’est immergé pendant un an

dans le made in France.

D’accord ! Comment il s’appelle ?

Benjamin Carle !

Benjamin Carle ?

Voilà !

- Tu mettras en commentaire le lien vers... - Oui !

Donc, c’est un reportage qui est passé sur canal ?

Sur canal en 2015.

D’accord !

- Donc, tu étais fait devant ta télé en fait ? - Voilà !

J’ai été devant ma télé.

Cela faisait quinze jours que je n’avais plus de boulot.

- D’accord ! - J’ai appelé ma mère en larme, en disant :

« mon Dieu, qu’est-ce que je vais faire ? »,

parce qu’à la base, je suis préparatrice en pharmacie.

D’accord !

Et après vingt ans d’inactivité,

mon CV n’était plus...

Enfin, il ne voulait plus de moi.

- Normale !

Oui !

- Et du coup... -Tu ne trouvais pas de boulot en fait ?

Je ne trouvais pas.

- Je ne me suis pas non plus laissé le temps - Voilà !

- de trouver parce que - Quinze jours, ce n’est pas énorme

quinze jours, ce n’est pas énorme.

Mais ce qui me concerne,

j’en ai déjà fait beaucoup. - Tu n’avais peut-être pas envie de chercher ?

Si ! J’ai déposé énormément.

- J’ai déposé. - D’accord !

J’ai fait toutes les pharmacies de mon secteur

en déposant en main propre.

En me présentant ou en me disait :

« Montiel, vous êtes gentille, mais

quand on voit votre CV, OK, d’accord.

Sauf que cela fait vingt ans que vous n’avez pas bossé

dans une pharmacie,

puisqu’à la base, ce n’était pas ma vocation.

Oui !

Donc, j’ai passé mon diplôme

et je suis vite parti ailleurs.

Du coup, j’ai commencé à regarder.

Tu dis : « parti ailleurs »,

je me permets, tu me disais que tu étais dans une salle de sport ?

- C’est cela ? - Oui !

- Tu gérais une salle de sport ? - Après, en fait,

j’ai travaillé comme responsable

dans une salle de sport sur Douai.

Oui !

Ou, c’est d’ailleurs de là

que me vient souvent le terme de faire du business,

de bonne intention,

parce que c’était une salle de remise en forme

exclusivement réservé aux femmes.

D’accord !

Avec un programme d’entraînement

adapté et un suivi

alimentaire

pour les amener justement aux résultats

attendues.

D’accord !

C’était ton dernier poste ?

- C’est cela que... - Oui !

- D’accord ! OK ! - Oui !

Et du coup, j’ai regardé un petit peu.

Je suis allée chez Pôle emploi comme tout le monde.

- J’avais regardé pour travailler comme commerciale - Oui, quand même !

dans des boites de cuisiniste.

Enfin ,chez Kiabi.

- Tout ce qui aurais ... - Donc, tu avais envie de...

de retrouver un emploi salarié.

- Voilà ! - Juste après ?

- Oui, puis je suis - Et puis tu t’es retrouvé dans ton canapé,

- Je me suis retrouvé dans mon canapé - devant ce reportage.

devant ce reportage.

- C’est cela ! - Non, mais, c’est marrant !

- C’est un reportage à canal - Voilà !

- qui t’a vraiment fait le déclic ? - Oui !

Oui !

Et je me revois couper la télé

avec la télécommande.

Et dire : « ben, voilà ! C’est cela que je veux faire ».

D’accord !

Je vais créer mon emploi en soutenant

les emplois des autres.

Oui, donc ce n’est pas tant... comment le dire,

le concept du made in France

qui t’a plu

que la philosophie derrière

de la création d’emploi,

du maintien de l’emploi,

du fait qu’il y a un meilleur vivre ensemble

en France ?

Je reste quand même quelqu’un

de relativement sensible

sur les conditions de travail

- lié à la délocalisation. - Oui !

Cela, ça a toujours été.

Après, je reste néanmoins une consommatrice.

Voilà ! C’est plutôt...

C’était plutôt une façon

de me retrouver dans le « consommer mieux ».

- D’accord ! - Consommer mieux d’un point de vue alimentaire.

- Je n’ouvre pas de conserve. - Et donc, tu le faisais pour toi ?

- Voilà ! - Voilà !

À la base, ce que je viens de dire :

je ne mange pas de conserve.

Si je n’ai rien à faire à manger,

si je n’ai rien sous la main,

rien de tel qu’un plat de pâte

avec du beurre.

Et tu te claques une bonne tranche

de jambon.

Et cela ne coûte pas plus cher

de manger mieux,

dès le moment où on ne mange pas de la merde.

Au moins une bouteille de coca.

- Enfin, voilà ! Ma politique, c’était cela. - Oui !

- C’était de dire : - Tu étais déjà dans cette

- si on n’a pas... - état d’esprit ?

Voilà !

- D’accord ! - Donc, acheter quarante t-shirts.

Non, je préfère en acheter un beau.

Oui ! Donc, tu t’achètes quarante t-shirts à deux euros

- inutile de t’en acheter un bon... - Après,

voilà !

Mais pas forcément qui vient de France.

- Oui ! - C’était plutôt : chercher quelque chose de

qualité. Qualitativement.

Voilà !

Et effectivement, le fait de

se pencher sur made in France,

cela t’ouvre encore plus

de raison de valider cette idée.

Parce que tu dis : « mais oui ! » - Oui !

En plus de cela,

Non seulement tu as un moyen d’acheter un t-shirt.

Avant, tu croyais qu’acheter un t-shirt,

sans citer de marque, à quarante euros,

c’était de la qualité.

Mais en fin de compte, non.

Tu te faisais juste avoir.

Tu te faisais juste avoir.

Alors qu’en France, on te fabrique un t-shirt

à quarante euros.

C’est non seulement de la qualité, mais qui plus est,

cela soutien des emplois en France.

Oui !

Donc...

- Donc, tu es parti sur ce concept-là ? - Donc, je suis parti

sur ce concept-là. Voilà !

Dans le cas de ta création d’entreprises,

tu parlais de ton précédent travail

dans une salle de sport exclusivement féminine.

Oui !

Cela n’a échappé à personne que tu es une femme.

Oui !

Et tu me disais en préparant l’émission

que dans ton parcours de création,

tu as rencontré des points négatifs

et des points positifs

à être une femme.

Parce qu’être une femme-chef d’entreprise

en France,

déjà, tu es une minoritaire.

Il y a peu de femmes d’entreprise.

- Vingt pour cent. - Vingt pour cent,

c’est cela le chiffre ?

- Je l’ai cherché avant de - Oui !

commencer l’émission.

Je ne l’ai pas trouvé.

Vingt pour cent, ce n’est pas beaucoup.

Non !

Comment cela s’est passé pour toi ?

Déjà, j’ai un...

Donc, je me suis dirigée vers un organisme :

l’ABJE.

Oui !

- Politique de gestion. - Voilà !

- Pour mettre en place l’idée - Ce sont des organismes locaux ?

au projet. Oui !

- Qui t’aident à structurer ton projet. - Voilà !

- Exactement ! - D’accord !

À travers eux,

j’ai fait différentes formations

gestion, compta. Enfin voilà !

Refaire un peu les bases

Oui !

pour gérer ton entreprise.

Mettre en place une fois que j’avais l’idée

et que j’avais le fonctionnement

comptable.

C’était d’aller chercher les financements.

C’est eux aussi qui m’ont donné les filons

pour aller les chercher.

Et notamment, en tant que femme,

le premier à mettre...

Alors déjà, quand on est au chômage,

on a des financements accessibles.

D’accord !

Les prêts d’honneur, les prêts nacre.

Après, il y a en tant que femme,

le Fond de Garanti Initiative Femme.

Le FGIF.

D’accord !

Fond de Garanti Initiative Femme.

Voilà !

C’est un fond spécifique ?

- Donc, c’est un fond spécifique. - D’accord !

Voilà, tout à fait !

Pour inciter...

Pour aider les femmes, parce que

il ne faut pas croire. Tu vois, à la banque...

Moi, à l’époque, j’étais mère célibataire.

Oui !

Donc, déjà, quand tu n’es pas mère célibataire,

en tant que femme, tu as du mal.

Oui !

Mais quand tu es en plus mère célibataire,

tu frappes aux portes.

- Beaucoup de portes. - C’était compliqué ?

- Oui ! très compliqué. - Tu l’as vécu ?

Je l’ai carrément vécu.

Et carrément vécu, où tu...

à un moment donné de toute façon,

tu sais pertinemment

que tu ne feras pas appel aux banques.

- D’accord ! - Aux banques

dans le sens propre du terme. Tu vas aller

plutôt chercher des fonds.

Des fonds collectifs,

dans des banques coopératives.

Moi, c’est ce que j’ai fait.

- D’accord ! - La NEF.

Donc, tu t’es retrouvé face à un système classique

de recherche de fonds.

Et tu t’es rendu compte que

ton statut,

- le fait simplement d’être une femme - Oui !

a été un élément négatif.

- Un élément négatif au sein - C’est dingue cela !

des organismes courants.

- Des classiques, des banques classiques. - Voilà !

C’était en 2015 ?

En...

- Ce n’est pas il y a 20 ans, c’est... - Oui, en 2014.

- Oui ! - 2014, c’est dingue !

Et malgré les fonds que j’avais levés.

Il me maquait

toujours un petit peu.

Oui !

Donc, j’ai fait un financement participatif

sur Mymajor Company.

D’accord !

Ou pareil : Caro, c’est utopique.

N’importe quoi. 15 000 euros.

Tu es malade ?

- Tu as eu besoin de 15 000 euros pour boucler ton financement ? - Il me manquait 15 000.

Il me manquait mon BFR.

- 15 000. - D’accord !

Donc, je l’ai fait.

D’accord !

Et à l’issue

de mon inscription sur Mymajor Company,

il y a eu un concours interne via AXA.

Oui !

Et où là, je n’ai plus eu à solliciter

d’argent, mais des votes

ou si concept comme le mien...

Enfin, si créateur d’entreprises

était en compétition.

- Oui ! Six et tu as gagné ? - Et j’ai gagné ! On était six, oui.

- Cela a été le maximum de vote ? - Pendant un mois, j’ai du

solliciter des votes et des votes.

Matin, midi et soir.

Ceux qui ont participé

doivent s’en souvenir.

- Je ne les ai pas lâchés, les pauvres. - Tu les remercies d’ailleurs ?

Oui !

Des pauvres insomniaques qui étaient sur son ordinateur

quand je voyais qu’ils se connectaient,

je le cliquais : au fait tu ne m’as pas oublié

Aujourd’hui ? Tu as voté pour moi ?

Donc, voilà ! - Tu as été obligé de passer

par des financements alternatifs ?

Voilà !

Des boîtes de financement alternatif pour boucler

ton plan de financement. - Oui !

C’est seulement à partir

du moment où j’ai eu mon financement

que j’ai pu enfin me présenter

auprès de bailleurs,

d’agences.

Oui !

Parce qu’ils me demandaient

et je me suis rendu compte qu’il me manquait

encore de l’argent.

D’accord !

Et c’est là où enfin, donc, en ayant

eu quatre vingt-cinq pour cent

de mon financement global,

total,

- Oui ! - qu’une banque a bien voulu me prêter

Ce qui restait ?

Les quinze pour cent restants.

- Voilà ! - D’accord !

Donc, un parcours du combattant.

Donc, clairement. - Ah oui, cela a mis un an. Donc, un parcours du combattant.

Donc, clairement. - Ah oui, cela a mis un an.

Neuf mois.

- J’exagère, cela a mis neuf moi. - Entre l’idée,

entre ton idée ?

Non, l’idée,

c’était en février 2014.

Et j’ai eu

tous mes financements

en mai 2015.

- Ah oui ? - Ah oui oui !

J’ai eu le local en août 2015.

Et là, cela a été très vite,

un mois parce qu’il n’y avait pas beaucoup

de travaux à faire.

J’avais déjà, c’est d’ailleurs

un de mes confrères

de formation qui m’a fait

tout l’agencement.

Elle a des jeux ? C’est cela que tu veux... ?

Oui, Jordan TUTRICE,

d’« Ajuste et pose » qui m’a fait...

qui a créé sa boite,

qui cartonne.

Mais bon, il a quand même besoin de client

qui eux pensent à lui.

Donc, voilà ! Après, cela a été très vite.

J’ai ouvert dans la foulée le premier septembre.

- D’accord ! OK, super ! - Enfin !

Ben, oui ! Enfin !

Donc, là, cette aventure entrepreneuriale,

il y a des milliers de choses à dire, je pense,

entre l’ouverture de ta boutique et

la fermeture.

Ce sont les péripéties de l’entrepreneuriat.

On s’y attend parce qu’on nous y prépare.

... - Tu sais que cela va être dur, mais

- Tu sais ce que ça veut dire. - tu ne sais pas à quel point...

Mais pas à ce point-là. - Oui !

Et donc, arrive...

Alors, combien de temps tu l’as tenue ouverte, ta boutique ?

- Pas longtemps. - Ton concept store.

Pas longtemps finalement,

parce qu’un mois après, mon BFR part dans un cambriolage.

Six mois après, deux de mes fournisseurs :

un en difficulté de production,

un autre qui change de distributeur.

C’était deux piliers, donc cela me coupe

aussi mon...

Il n’y a pas mal de business.

Pas mal de business.

Après arrive une période où

il faut contre carrer

ce manque de marchandise.

Et surtout, ce manque de commerce.

D’E-commerce, parce que je voulais le développer aussi.

Et cela, du coup, je n’ai pas pu le faire.

Oui !

Tu n’as pas pu aller sur internet.

- Tu n’as pas pu vendre sur internet. - Voilà ! donc, je me décide

de créer 25 % de ma marchandise à vendre

pour essayer de...

En fait, il faut savoir que le made in France,

les marges sont très faibles.

Donc, si tu n’as pas le volume

ou si tu n’as pas la marchandise,

- ce n’est pas ... - Il faut que trouviez une solution.

Donc, tu as décidé de créer ta marque ?

Donc, j’ai essayé de créer ma marque à travers

quelques petites pièces.

Mais néanmoins, trop tard,

puisque cela en est suivi les péripéties Lîlloise

que beaucoup de commerçants ont connu.

Notamment ceux du vieux Lille.

À savoir, un nouveau sens de circulation

et des travaux.

C’est ... .

C’est vrai que cela fait beaucoup.

- Beaucoup d’un seul coup. - Oui !

En gros, tu as mis en place

tout ce qu’il faillait pour réussir.

Mais tu t’es confronté

à l’environnement.

Oui !

L’environnement s’est acharné.

- Et l’environnement s’est acharné. - Il vit vraiment comme cela.

Tu as essayé de t’en sortir.

Notamment, tu le disais : en créant ta marque.

Oui !

Mais trop tard !

- Oui ! - Trop tard.

Après, j’ai voulu créer une coopérative

de concept store

avec les différentes boutiques

qui se sont ouverts derrière moi.

Alors, disons, on va créer une coopérative.

On va être sept, huit boutiques.

On va créer un putain de site de vente en ligne

- ou avec une centrale d’achat. - à tout déchirer.

On va tout déchirer.

On investit tous un petit peu.

Mais au moins, on a une machine de guerre

pour concurrencer vente privée.

- Et pour concurrencer. - Oui !

Enfin, toujours utopique dans les idées.

Mais il faut peut-être être utopique

- pour avancer. - Et voilà !

Je me dis : « de toute façon, pour être

fort, il faut être nombreux aussi ».

Ce n’est pas pour rien.

- L’union fait la France. - C’est l’explication !

C’est très beau cela, « l’union fait la France ».

Voilà !

Et c’est peut-être une explication

que tu as maintenant avec du recul.

C’est que tu as fait quand même

une grande partie de l’aventure toute seule ?

- Oui ! - Dans ta boutique ?

Oui !

Est-ce que tu penses que c’est une partie du fait

que tu as dû l’arrêter, cette aventure ?

Et que si vous aviez été plusieurs,

cela aurait peut-être continué différemment ?

Oui !

Oui, tu penses ?

Oui, je pense.

Donc, ne pas rester toute seule, c’est...

- Ne pas rester toute seule, c’est déjà - quelque chose ...

pour deux phénomènes.

Ne pas rester seule à titre personnel,

parce que quand tu...

Moi, j’ai mon propriétaire de maison

qui est venu dans ma boutique pour me réclamer son loyer.

Oui, parce qu’il y avait les problèmes financiers

- qui commençaient à arriver. - Donc, voilà !

C’est qu’à un moment donné,

quand tu commences à avoir du mal

de boucler tes fins de mois.

Et que ta vie personnelle,

il n’y a personne pour prendre le relais. À 40 ans tu

demande à ta mère si elle ne peut pas te prêter de l’argent

pour payer ton loyer.

- Enfin, toutes ces choses-là, - C’est un enchaînement de...

mises bout à bout.

- Stop ! - Oui !

Donc, tu as décidé d’arrêter ?

Donc, j’ai décidé d’arrêter.

Arrêter... alors, je le souligne aussi,

puisque tu ne veux peut-être pas le dire,

mais arrêter proprement aussi.

Alors, arrêter proprement. Alors,

- dans ce que tu pouvais. - Dans deux..

Je me suis donné quand même une

une dernière échéance.

La dernière échéance était entre guillemets

de ne... sur les conseils

d’une personne avertie

de ne plus,

de lever le pied sur le loyer professionnel.

Parce que de toute façon,

si je voulais payer tout le monde,

il fallait que j’ai de la marchandise.

- Oui ! - Et donc, pour moi, avoir de la marchandise,

il fallait que je la paie.

Oui !

Et la fabrication française n’a pas les moyens

de te délibérer comme cela de la marchandise

mais avec des paiements à 60, 90, 120 jours

comme les grandes boîtes.

Oui !

Donc, du coup, j’ai levé le pied.

J’ai relancé la marchandise

pour essayer de relancer de la vente.

Mais là, avec les travaux du vieux-lille

la rue de La Monnaie a été boudée

par le consommateur.

Et je n’ai pas réussi.

Tu n’as pas réussi.

Donc j’ai attendu les soldes,

où le made in France ne se solde pas.

Mais là, je l’ai bradé,

parce qu’il fallait indéniablement.

Il fallait que tu vides ton stock aussi.

Vider le stock,

en laisser le moins possible aux liquidateurs.

- Non, mais il faut payer les dernières factures - Parce que

Voilà, exactement !

Et surtout, effectivement, sans savoir

ce qui se passe demain.

Partir proprement avec mes fournisseurs.

Me dire : si demain, je veux y retourner,

au moins, ils me feront confiance.

Oui !

Ils me diront : « Caro, elle a été réglo ».

Elle en a chié, mais elle a été réglo.

- Elle a fait cela propre.

Voilà !

Super !

Et là, aujourd’hui, cela, c’était il y a neuf mois.

Voilà !

C’est cela ?

Il y a neuf mois et aujourd’hui,

comment tu vas ?

Bien, j’ai rebondi.

Je ne me suis pas laissé le temps de végéter.

J’ai repris un boulot

de responsable dans une boîte de prêt-à-porter

où je m’éclate.

J’ai quelques rennes d’autonomie.

Oui !

Voilà ! C’est une des bases

de mon épanouissement professionnel.

Oui !

Et puis on verra

ce que l’avenir me réserve.

Neuf mois après, tu as encore des choses

à gérer de cette fin d’aventure ?

Oui !

Tu as soldé tes ventes,

- tu as tout soldé ? - Le RSI.

- Le fameux RSI. - Le fameux RSI.

Mais, donc, voilà !

Tu as le RSI.

Tu as des emprunts.

J’ai les emprunts que tu contractes

à titre personnel

quand tu es chômeur,

notamment, puisque ce sont des emprunts perso.

Oui !

Tu continues de les rembourser.

C’est aussi pour cela qu’il faut rebondir très vite.

Tu n’a pas le temps d’attendre que cela tombe du ciel.

C’est ce que tu as fait, toi ?

- C’est ce que j’ai fait. - En quelques mois, tu as retrouvé un boulot ?

J’avais anticipé de toute façon.

- D’accord ! - J’avais une date de prévue.

Je savais que je fermais la boutique ce jour-là.

Et le lendemain, je démarrais mon job.

Tu as fermé la boutique ?

Le samedi

à une heure du matin.

- Le lundi matin, tu reprenais un boulot. - Le lundi matin ?

je reprenais mon boulot, oui.

Tu es courageuse.

Voilà !

Tu n’as même pas pris le temps de souffler entre-deux.

- Mais c’était le but. - C’est une sacrée aventure que tu as...

- C’était le but. - que t’as vécu quand même.

- Ah ouais ! - Mais voilà, tu apprends plein de choses.

Cela t’apprend plein de choses.

Voilà ! Tu apprends et

si hier, j’ai donné des conseils

sur le made in France.

Comment créer sa petite boutique ?

Si vous voulez des conseils sur

comment...

- À Lille, le made in France, - Bien

- tu en connais un petit peu. - vivre l’échec.

Et quels sont les échecs

pas commun auxquels on doit se préparer ?

Oui, il y a d’autres choses.

Oui, parce que c’est vrai,

c’est plein d’aventure que tu as vécue.

Et tu es prête à transmettre

- et à expliquer. - à relativiser aussi.

Voilà, que ce que tu viens de faire là,

et relativiser cet échec

qui te construit en fait,

aujourd’hui et maintenant aussi.

Oui !

Tu en sors grandi encore plus.

Encore plus.

Oui !

Super, merci beaucoup !

Merci, Nico !

Rubrique, nouvelle rubrique

- qui était la semaine dernière, là, c’est cette semaine. - Oui !

Question à l’invité.

Invité de la semaine prochaine.

C’est Annick Jéhanne,

la CEO de Hubmode,

un centre de formation qui gère des mooks.

Elle nous expliquera cela la semaine prochaine.

Tu as une question à lui poser.

Donc, face caméra.

Tu regardes.

Eh ben, justement.

Justement, Jéhanne,

tu as mis dans ces fameux mooks,

Annick !

- Annick, pardon ! - Annick Jéhanne.

C’est cela !

J’aimerais justement savoir

si beaucoup de personnes

qui s’inscrivent pour suivre cette formation

ont cette intention, cette valeur

justement, de faire fabriquer en France ?

- En France, le made in France. - Voilà !

J’aimerais connaître un petit peu si cela encourage

quand même dans le made in France ou pas.

Super !

- Voilà ! - On continuera donc à en parler la semaine prochaine.

- Merci beaucoup, Caroline ! - Merci à toi !

Très bonne journée !

- Bonne journée également. - Félicitation encore pour cette

aventure et bon courage à toi.

Salut ! Bye !

Donc, voilà. C’était Caroline.

On a pu discuter avec elle de son

parcours qui est vraiment atypique,

ce commerçante avec un concept store.

Le made in France,

elle nous en a parlé.

Elle nous a parlé surtout du fait

qu’elle y a mis ses valeurs

et son envie dans cette création d’entreprises.

Et on a essayé, en 20 minutes,

c’est court, mais elle a tellement de choses à dire.

Mais sur, voilà, ce que c’est qu’un parcours entreprenarial

en tant que commerçant.

C’est important aussi de le comprendre.

C’est un parcours complexe

avec plein d’aventure.

J’espère que cela vous donnera aussi

une autre vision peut être de

votre commerçant demain, quand vous irez le voir,

de ses problèmes au jour le jour,

qu’il doit gérer.

Voilà !

Mon invité de la semaine prochaine,

c’est... je le disais : Annick Jéhanne.

Annick, elle est la patronne de Hubmode.

On va discuter de tout cela avec elle

la semaine prochaine.

Et on va surtout discuter avec elle

de la création d’entreprise

après cinquante ans.

Voilà !

Parce qu’elle a créé son entreprise à plus de 50 ans,

sa start-up.

Et donc oui, elle sera la preuve vivante

qu’on peut créer sa start-up après 50 ans.

Et que cela cartonne.

Donc, rendez-vous la semaine prochaine.

Mardi, neuf heures.

En direct de ma voiture et en live sur Facebook

comme d’habitude.

D’ici là, très bonne semaine à tous

et à toutes.

Portez-vous bien.

Entreprenez, bougez-vous, prenez des risques.

Et amusez-vous surtout ! Et salut !